Mémoire vive / Côté professionnel

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De la découverte de vos ancêtres à la transmission de vos histoires et souvenirs de famille

mercredi 25 septembre 2013

Une généalogiste, deux organisations

A mon tour de livrer ma contribution de généalogiste-blogueuse au généathème du mois, proposé à la communauté de généalogistes sévissant sur les réseaux en général et sur Twitter en particulier.




Il ressort de la lecture des billets publiés, qu'il n'existe pas une seule et unique méthode et que l'organisation est avant tout question de personnalité. Je me reconnais dans certains, moins dans d'autres. Il y a les "pros" de l'informatique et de ses supports, les accros du papier-crayon, voire pour certains du tableau et de la craie, l'un n'empêchant pas l'autre, bien au contraire. Il y a les anarchistes, les cigales, les méticuleux... Tous s'accordent à penser que seul le plaisir compte ; qu'importe le flacon (le support), pourvu qu'on ait l'ivresse...de la recherche et de la découverte.

Pour ma part, la difficulté réside dans le fait que la généalogie est aussi l'objet de ma profession et que je ne procède pas du tout de la même manière quand il s'agit de chercher pour moi ou chercher pour une personne qui rétribuera ce service rendu.

Professionnellement, mon organisation se déroule selon un processus établi, auquel j'ai longuement réfléchi et dont l'objectif est d'apporter un maximum d'informations dans un minimum de temps. Il faut être efficace et précis. J'utilise le logiciel Généatique pour construire les arbres, Excel pour lister les actes que je trouve, et Word pour rédiger le compte rendu final. Par ailleurs, je propose aux personnes qui viennent me trouver de leur rédiger un "Journal de recherches" où je retrace le processus, acte après acte, génération après génération, en illustrant le tout de cartes postales anciennes, de "unes" de journaux d'époque, de copie des actes. Leur généalogie leur est ainsi présentée dans un livret, sous la forme d'une histoire qui se déroule au gré des découvertes.



Mes recherches personnelles font l'objet d'expérimentations diverses et variées. C'est un véritable laboratoire où je teste mes idées, mes techniques au gré de mes avancées, au gré de mes lectures.
J'essaye et je vois ce qui me correspond le mieux. Si une pratique fait ses preuves et qu'elle n'est pas trop chronophage, je la valide et je m'en sers professionnellement. Ainsi la localisation des communes étudiées sur Google Map. C'est un outil vraiment utile, qui permet à mon sens de comprendre les mouvements et les déplacements des familles, notamment au gré des évolutions des infrastructures : routes, chemin de fer etc.

J'ai longtemps amassé les informations sous toutes ses formes et sur tout support ; je sais que tout est là, à portée de main ou de clic. Je fais des sauvegardes sur un disque dur externe. Face à la quantité d'informations, j'ai appris à sourcer, noter les références précisément : le nom du site, la page du registre et mettre un lien hypertexte.

Comme outil de base, sur mon vieux PC,  j'utilise :
-Généatique
pour les arbres. Je m'en sers depuis longtemps et je l'actualise une année sur trois (en moyenne),
- Excel
, parce que j'aime bien le côté cases et puzzle.

J'ai aussi un bon scanner dont je me sers pour les photos et papiers de famille, une bonne imprimante, pour imprimer les actes que je range dans un classeur. Je ne peux pas me passer de la version papier, je n'utilise la capture d'écran que de manière sporadique.



Et puis des carnets, des feuilles, des fiches, des post-it où je note tout et n'importe quoi : des références, des idées de billets pour le Blog, des fragments de recherches, des données historiques, un calendrier révolutionnaire, des dessins de mes enfants qui m'inspirent et me font rire...J'ai la fâcheuse manie de ne rien jeter, de tout garder, les courriers des mairies qui accompagnent les actes, des vieilles cartes postales, des photos de mes chers disparus.

crédit photo : Anne Dardaud
Dans un premier temps, j'ai navigué de branche en branche, puis de commune en commune ; j'ai parfois focalisé mon attention sur un seul quartier, dont j'étudiais les différentes branches, les différents descendants. Il m'est arrivé de décrocher par ennui ou lassitude, parce que les personnes que je trouvais ne me parlaient pas. Je ne parvenais pas à leur donner corps, leur insuffler un filet de vie, à les réinstaller dans leur contexte historique et géographique, à la manière d'un pop-up. C'est dans ces moments là que je remets tout à plat, à la manière d'un grand ménage : je reprends alors mon tableau et je pars à la chasse aux absents. Sur une grande feuille blanche, je revois tout depuis le début : je relis, je relie des personnes et des lieux et souvent certains détails que j'avais négligés apparaissent : de nouvelles pistes à suivre, et telle une enquête, les recherches sont relancées.

Les vers de Nicolas Boileau illustrent parfaitement ma conception de la recherche de mes propres ancêtres : 

"(...) Hâtez-vous lentement, et, sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage;
Polissez-le sans cesse et le repolissez :
Ajoutez quelques fois et souvent effacez.
C'est peu qu'en un ouvrage où les fautes fourmillent,
Des traits d'esprit semés de temps en temps pétillent.
Il faut que chaque chose y soit mise en son lieu ;
Que le début, la fin répondent au milieu ;
Que d'un art délicat les pièces assorties
N'y forment qu'un seul tout de diverses parties
."




lundi 9 septembre 2013

Tout commence par un baptême

C'est en cherchant l'acte de mariage d'un couple de mes ancêtres, dans le registre paroissial de Mingot, commune de Chatillon-en-Bazois, dans la Nièvre, que je suis tombée sur cet acte de baptême qui allait me fournir un grand nombre de précisions sur le couple en question.

Mon point de départ est un acte de mariage, célébré à Saint-Saulge, toujours dans la Nièvre entre Louis Gauthé et Anne Thirault le 26 janvier 1814. Dans cet acte, il est fait mention de la date de naissance de Louis, le 26 novembre 1785, ainsi que de sa filiation. Il est le fils de Pierre Gauthé présent et de feue Léonarde Bylbaut. 

Il est également fait mention du remariage de son père en 1787. Il semblerait donc que Léonarde soit décédée peu de mois après la naissance de son fils.

Je vais donc voir ce qu'il y a dans l'acte de naissance de Louis, dans le registre paroissial de Mingot.


 " Ce vingt huit novembre mil sept cent quatre vingt cinq a été suppléer les cérémonies de baptême à Louis né d'hier, ondoyé à la maison, fils légitime de Pierre Gauthé, manoeuvre et de Léonarde Bylbeau [...]le parrain a été Louis Gauthé, la marraine Françoise Bylbeau, tante maternelle, lesquels ont déclaré ne savoir signer [...]"

Si l'enfant a été ondoyé à la maison, c'est qu'on a certainement craint pour sa vie ; l'accouchement a du être difficile, c'est du moins ce que je pressens, ce sentiment étant renforcé par le fait que le père s'est remarié moins de deux années plus tard. Et effectivement, en tournant machinalement la page du registre, mes craintes sont confirmées.


"Le vingt sept décembre de l'an mil sept cent quatre vingt cinq a été inhumée Léonarde Bylbeau, épouse de Pierre Gauthé, agée de 33 ans environ, en présence de Pierre Gauthé son époux et de François beau-frère, et de François Moutau et de Jean Perault lesquels ont déclaré ne savoir signer sauf le soussigné Pierre Gauthé."

Un mois après la naissance de son fils, Léonarde Bylbeau décède. Elle était âgée d'environ trente-trois ans. En revanche, il n'est pas fait mention de sa filiation. J'ai besoin de retrouver l'acte de mariage. Avec un peu de chance, Pierre et Léonarde se seront mariés dans cette paroisse. Le registre que je consulte commence en 1777, soit huit années plus tôt. Vu l'âge de la disparue, il est probable que le couple n'était pas jeune marié : d'autres enfants ont pu naitre durant ces huit années, je les rencontrerai peut-être en chemin. Si je ne trouve rien, je remonterai plus loin dans le temps.

Je commence donc l'examen de ce registre par le début.

Au fur et à mesure de ma lecture je vois se confirmer la présence de la famille Bylbeau, dont l'orthographe du nom varie : Billebaut, Bilbault... mais aucune présence de Gauthé sur cette paroisse.

Et puis, je tombe sur l'acte de baptême d'une enfant nommée Léonarde Bilbault : l'homonymie parfaite attire mon attention et je procède à la lecture de l'acte.


"Le vingt cinq décembre de l'an 1783 a été baptisée par nous licencié en droits canonique et civil, et Curé de Mingot et prieur, Léonarde Bilbault, fille de Lazard Bilbault rentier (?) à Bernyères, hameau dépendant de la paroisse de Mingot et de Jeanne Lécuyer, ont été P et M Pierre Gauthé et Léonarde Bilbault qui ne signent."

Pierre et Léonarde sont les parrain et marraine de cette enfant. Mais sont ils déjà mariés ? Et s' ils avaient fait connaissance à l'occasion de ce baptême ? Je poursuis la lecture de ce registre et début 1785 je trouve enfin cet acte de mariage.


"Après avoir obligées toutes les formalités prescrites par les lois de légalité et de l'Etat, nous soussigné licencié des droits canonique et civils et curé de Mingot et prieur, avons donné la bénédiction nuptiale ce lundi 31 janvier 1785 à Pierre Gauthé fils mineur de François Gauthé et de défunte Léonarde Pele d'une part et à Léonarde Bilbault, fille majeure de furent Jean Bilbault et Jeanne Pouillot ; le mariage a été célébré en présence de François Gauthé et Lazard Bilbault, de François Robin, de Jean Guérin et de Jean Bilbault qui ne signent."

Et voilà, ils étaient jeunes mariés, et Pierre n'avait pas 25 ans, âge de la majorité sous l'ancien régime.

J'ai été assez émue de voir qu'en l'espace de deux années, un homme et une femme voient leurs noms associés sur un registre d'abord comme parrain et marraine, puis comme mari et femme, puis encore  comme père et mère et enfin comme veuf et décédée. Une vie en accéléré...

D'un point de vue des recherches, je confirme tout ce qui a été dit sur le sujet à travers les billets des généalogistes blogueurs : ne pas hésiter à tourner les pages des registres, lire les actes à haute voix, ne pas s'arrêter à l'orthographe d'un nom, remonter année après année, aller chercher des infos dans d'autres actes où les noms apparaissent. Autrement dit, être à l'affût du moindre indice, du moindre bruissement de parchemin.