Mémoire vive / Côté professionnel

Mémoire vive / Côté professionnel
De la découverte de vos ancêtres à la transmission de vos histoires et souvenirs de famille

mardi 25 janvier 2011

Familles, je vous lis !

Quelques lectures qui m'ont inspirée la création de Mémoire vive ; la généalogie est certes une passion, mais lorsque cette passion rencontre des échos dans la littérature et qui plus est chez les auteurs qu'on chérit, on ne peut qu'y voir un signe, confortant l'envie que l'on a d'en faire son métier.
Le plus amusant est de retrouver parmi les lectures de l'enfance, ce livre reçu comme prix de fin d'année, en classe de CP : "L'arbre aux ancêtres".



Prémonitoire ? au même titre que mes balades d'enfant au cimetière Montparnasse, ou encore les balades nocturnes en famille l'été au cimetière de Lormes où l'on assiste aux plus beaux couchers de soleil ? Simple coïncidence, peut être mais en tous cas la prise de conscience dès le plus jeune âge que beaucoup de personnes nous ont précédées, que nous ne sommes que la continuation d'un début, les bourgeons d'une branche vivante, qui génération après génération se perpétue. Apprentissage de l'humilité

La lecture a contribué à renforcer cette conscience du monde des ancêtres ; les sagas familiales où l'on suit un enfant qui deviendra un homme, un mari, un père un grand père et rejoindra le caveau familial où l'attendent ses aïeux et nous, lecteur, continuerons à s'intéresser à ses descendants, sur plusieurs générations.

Les quatre tomes de la saga de la famille Boussardel, de Philippe Hériat ; histoire d'une famille bourgeoise parisienne du Second empire aux années 1950. Le premier volume, intitulé "Les enfants gâtés" reçu le prix Goncourt en 1939, et le deuxième, "Famille Boussardel" le grand prix de l'Académie française en 1944.
Suivront les "Les grilles d'or" et "Le temps d'aimer". Plaisant à lire. Du moins le souvenir que j'en ai...


Plus récemment, Nancy Houston et "Lignes de faille", quatre narrateurs appartenant à quatre générations différentes et dont les récits s'inscrivent dans la révélation d'une histoire familiale complexe.



Quand les photos deviennent le support de la mémoire et de la transmission d'une histoire familiale, c'est par ce biais que Jonathan Coe dans "La pluie avant qu'elle tombe" raconte l'histoire d'une famille anglaise depuis la seconde guerre mondiale à nos jours. Le récit se déroule au fur et à mesure de l'évocation des souvenirs d'une vieille dame, qui choisit de décrire 10 photos et à partir de là, raconter l'histoire des protagonistes présents sur les clichés. C'est cet ouvrage qui est directement à l'origine du recueil d'anamnèses que je propose à mes clients.



"La légende de nos pères" de Sorj Chalandon,  pose la question à travers le travail d'un biographe familial, pour qui "toute vie mérite d'être racontée",  de la confrontation, parfois brutale, de la réalité des souvenirs et la légende familiale.




 
Et puis bien sûr, Georges Perec et "Je me souviens", litanie pèle-mêle de tout ce qui peut se trouver dans la mémoire d'un homme ; des souvenirs personnels aux résonances universelles. Mémoire commune d'une génération.






Voila pour cette liste bien entendu non exhaustive de ces lectures où il est question de famille et de mémoire, inspirateurs directs ou indirects de mon goût pour la généalogie et l'histoire des personnes dans leur époque..;


 


dimanche 9 janvier 2011

Une girafe dans l’arbre

C’est au cours des premières recherches généalogiques, effectuées pour le compte de la famille à laquelle je suis alliée depuis maintenant une quinzaine d’années, que j’ai rencontré la girafe Zarafa. Cadeau du Pacha d’Egypte Mohammed Ali au roi de France Charles X, son histoire et celle de son périple ont fait l’objet d’un livre écrit par l'un des ascendants de l’arbre en cours d’élaboration : Gabriel Dardaud. Journaliste et correspondant de guerre, directeur de l’agence France-Presse pour le Moyen-Orient et envoyé permanent pour différents médias de la presse écrite et radiophonique, il avait exhumé cette histoire des archives de la bibliothèque nationale du Caire où il demeurait. Il entreprit alors de relater cette véritable épopée qui allait mener ce girafeau, baptisé Zarafa, de son Soudan natal où l’animal avait été capturé, jusqu’en France.

Le livre de Gabriel Dardaud  "Une girafe pour le roi" est publié  pour la première fois en 1985. Il a été réédité en 2007, préfacé et annoté par Olivier Lebleu, spécialiste de la girafe, lui même auteur du superbe livre "Les avatars de Zarafa", sur l'incroyable girafomania, que suscita l'arrivée de la première girafe sur le sol français.






Outre la girafe, véritable héroïne de ce récit, Gabriel Dardaud met en scène un roi français, Charles X,  frère de Louis XVI et de  Louis XVIII à qui il vient de succéder ; un pacha, musulman albanais d'origine, Mohammed Ali, vassal du sultan de Constantinople dont il cherche à s'émanciper et à obtenir un jour l'indépendance de l'Egypte ; un diplomate piémontais, Bernardino Drovetti,  représentant de  la France pendant près de 25 ans auprès du Pacha, à qui il va souffler l'idée de ce fabuleux cadeau ; un scientifique éminent et vieillissant en la personne de Etienne Geoffroy Saint-Hilaire, qui n'hésitera pas à payer de sa personne en allant lui même chercher la girafe à Marseille et en l'accompagnant, à pied, jusqu'à Paris.


Charles X

Mohammed Ali pacha

Etienne Geoffroy Saint-Hilaire









Bernardino Drovetti


 






On rencontre également un palefrenier avisé, le « Saïs » Hassan, qui va prendre grand soin de ce précieux chargement ; deux jeunes soudanais, Atis et Youssef, également du voyage pour accompagner et aider l'animal à s'acclimater. Un couple d’antilopes et trois vaches, dont le précieux lait permettra de nourrir et de maintenir en bonne santé le jeune animal, complètent ce cortège insolite, placé, le temps de la traversée de la méditerranée, sous la surveillance de militaires de haut rang.

Tous ces protagonistes apportent à ce récit historique une touche de romanesque, sur fond de géopolitique, donnant un instantané des relations internationales et de ses enjeux dans cette première moitié du XIXème siècle. Nous avons là un éclairage inédit d'une période de l'histoire mal connue.

Quant à son auteur, Gabriel Dardaud (1899-1993), Olivier Lebleu retrace dans la préface du livre sa vie et son œuvre et nous décrit, dans ces premières pages, un homme à l'histoire tout aussi passionnante. Grand témoin du siècle dernier, de ses contractions et de ses évolutions, spécialiste du Moyen-Orient où il aura passé la majeure partie de sa vie, nous nous trouvons en présence d'un homme doté d'une personnalité remarquable. La mise en perspective de sa propre confrontation à l'histoire et le récit étonnant qu'il nous offre, donne au livre une dimension particulière, absente de la première édition.

Une rencontre avec une girafe et un homme, tous deux aux destins hors du commun, voici une première recherche qui plaçait ma carrière débutante sous les meilleurs augures...